Voies d’eau

« Ainsi toujours poussés vers de nouveaux rivages
Dans la nuit éternelle emportés sans retour,
Ne pourrons-nous jamais sur l’océan des âges
Jeter l’ancre un seul jour ? »

  • Alphonse de Lamartine

Les chants fleuriront à nouveau, tu verras…

Du bruit, continuellement, dans un monde si fébrile. Quand le soleil se voile, il y a souvent bien peu à retenir. Le sourire d’une inconnue, la forme d’un nuage, quelques mots. Jour après jour, braver les marées avec de frêles esquives, et puis rentrer au port.

Calme, le soir, je regarde les bateaux. Il y en a de toutes les couleurs, de toutes les tailles. Leurs ancres reposent au fond de l’eau, et dans leurs sillons on devine quelques poésies. Et même si le sable est affable, rien ne dure, et encore moins les fables…

C’est une réalité sans phare. Nos coques s’égarent, s’entrechoquent ; on finit par perdre pied. L’océan semble parfois lui-même en perdition… Mais on n’a d’autre choix que de prendre la mer, encore et encore.

La mer, cette prairie qui avait trop bu.

Pourtant, les gens chantent. Ils chantent de tout leur cœur. Bien des merveilles s’évanouiront, au fil des gréements ; seule leur vie survivra. C’est tout un équipage qui se tient sur le pont, et qui déclame sa joie, sa peine, son monde aux quatre ondes.

À trop prendre le large, nos voix finissent en murmures… Peu importe. Tant que l’on n’oublie pas les paroles.

Une île, c’est tout ce que l’on demande. Un port d’attache, rien qu’à nous, et peut-être quelqu’un d’autre. Une terre que l’on foulera, où les pousses prendront, pour de bon.

Teckhell

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