Vivre et laisser mourir

Ce matin, je me suis fait la réflexion suivante : le fait, me concernant, de refuser chaque été de mettre de la crème solaire pourrait provenir d’un certain masochisme : brûler le corps, pour mieux observer ce dernier se régénérer à force pelures. Si, de prime abord, ce manège peut sembler ridicule, il n’en demeure pas moins symptomatique de la manière dont j’ai abordé ou plutôt affronté la vie ces quinze dernières années.

L’image du survivant est séduisante, presque romantique ; pour autant, je sais que je vivote plus que je ne survis. Je me souviens très bien du jour où j’ai appris l’existence et le sens de ce verbe : je vivais alors mes années collégiennes, et chaque mot était une nouvelle pépite à fourrer dans ma besace trouée – la faute à une mémoire indisciplinée. Ce n’est que plus tard que j’ai découvert un des adverbes qui lui étaient généralement associés : “petitement” – un de mes termes favoris lui aussi.

Vivoter donc, c’est “vivre petitement, avec peine, faute de santé, de moyens”. À plusieurs reprises dans mon parcours, j’ai constaté que la philosophie et les choix de vie que je m’imposais donnaient cette impression. Encore aujourd’hui, j’ignore exactement les raisons qui me poussent à purger mon existence : le modèle paternel, la perte de ma sœur, la trahison du corps ? Bien d’autres événements pourraient venir alimenter mes comportements actuels.

Sans doute est-ce pour cela que mes proches commencent à me presser pour que j’aille voir un thérapeute. Je ne suis pas inquiet de ce que je pourrais y découvrir – de nouvelles interprétations – mais plutôt déçu quant à l’idée de devoir recourir à un professionnel pour comprendre. Cela me fait penser à ce moment où, enfant, l’on regardait la page des solutions à la fin d’un magazine.

J’aimerais comprendre, mais pas ainsi. Tout comme j’aimerais continuer à vivre, mais plus ainsi.

Airelle

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