L’hésitation
Souvenez-vous, quand vous et moi étions nounous ! Rentrant d’une pièce de théâtre insipide, les parents vous interrogeaient alors en fin de soirée :
« N’a-t-il rien mangé ?
– Oui / Non. »
Une fois sur deux, vous et eux ne vous compreniez pas, et l’enfant succombait… Ohoho !

La règle, ses sous-règles et des exemples idoines
La réponse « non »
Pour la faire courte, Non (ainsi que l’ancien nenni) constitue à lui seul l’équivalent de toute une phrase négative, en réponse à une phrase interrogative ou impérative.
Il peut être employé comme interjection :
- — Êtes-vous prêt ? — (« je ne suis pas prêt »)
- — Donnez-moi ce koala ! — Non ! (« je ne veux pas vous le donner »)
- — NOOOON ! (cri d’horreur, de désespoir ou de mise en garde, au cinéma, dans la BD, etc)
Non peut alors confirmer un prédicat négatif :
- — N’a-t-il rien mangé ? — Non. (= «il n’a rien mangé, c’était dégueulasse »)
ou infirmer un prédicat positif :
- — Tu finiras bien par manger ta soupe. — Non. (« je préfère encore élever des chèvres. »)
Par ailleurs, non peut aussi servir à repousser l’énonciation elle-même :
- — Tu es pâle, tu ne te sens pas bien ? — Non, ce n’est pas ça.(« ce n’est pas cela qui me fait gerber »)
« Non » et son tiret
Lexicalement, non est utilisé pour composer des mots. On met alors un trait d’union ; lorsqu’un tel nom est au pluriel, on met un s au dernier élément :
- non-lieu, non-ingérence…
- Les non-voyants ont de plus en plus accès à des feux de circulation adaptés pour eux.
- La réforme touche aussi les programmes pour non-francophones…
Quand des adjectifs ou des participes passés sont précédés de non, ils ne sont en principe pas liés à lui par un trait d’union, non gardant traditionnellement sa fonction d’adverbe dans de telles constructions.
- Les étudiants non francophones peuvent bénéficier d’une bourse d’études.
- Il arrive que des décisions de justice soient déclarées nulles et non avenues.
Toutefois, plus l’emploi de certains adjectifs ou participes passés précédés de non devient fréquent dans la langue moderne, plus on considère telle ou telle construction de type non + adjectif ou participe passé comme lexicalisée, c’est-à-dire comme un véritable mot composé, et plus on a tendance à l’écrire avec un trait d’union. Donc, en cas de doute, n’hésitez pas à consulter les dictionnaires usuels qui consignent généralement les formes lexicalisées !
En espérant avoir fait la lumière sur toute cette affaire, je vous dis :
à plus tard… au plus tôt !
Rémi L.
P.S. : Non peut également dériver des mots : nonchalant (de chalant, du verbe chaloir en ancien français), nonobstant !…
Sources : OQLF, ma grand-mère Paulette