La bourde
Lundi matin d’une semaine quelconque, Juliette s’agace. Face à des céréales fadasses, elle savoure la fin de ses allocations chômage. Croisant son colocataire venant enfin d’obtenir un RSA, elle l’avertit :
« […] Si je serais toi, je profiterais de tout cet argent pour me payer un billet et devenir escort-boy aux Caïmans. C’est la crise. »
Hélas non.

La règle, ses sous-règles et des exemples idoines
La bourde provient d’une confusion avec une autre structure : « je serais toi ». En effet, à l’oral, il est fréquent d’avoir deux propositions indépendantes « séparées par une virgule », au même mode et au même temps :
Je serais toi, j’arrêterais le chocolat.
L’aurait-il tenté, il n’aurait pu arrêter définitivement.
Cependant, Juliette emploie une structure avec la conjonction de subordination SI, obéissant à des règles différentes.
Le SI de condition
SI peut introduire deux types de subordonnées : condition et interrogation. Pour cette question de langue, nous nous intéresserons au SI de condition. Celui-ci (ohoho) introduit des propositions subordonnées exprimant la condition nécessaire pour que se réalise l’action exprimée dans la principale.
Si vous en avez l’occasion, passez nous déchiqueter.
Nous reporterions la réunion si la tequila devait être absente.
Lorsque deux subordonnées de condition sont coordonnées, la seconde est généralement introduite par QUE.
Si vous en avez l’occasion et que cela vous fait plaisir, passez le oinj’.
Pour les amateurs de ponctuation, rappelez-vous que la virgule est obligatoire lorsque SI est mis au début de phrase mais qu’elle s’efface lorsqu’elle est au milieu :
Si j’avais le budget, je travaillerais dans le boomerang.
Je travaillerais dans le boomerang si j’avais le budget.
Quelle concordance des temps ?
Le temps de la subordonnée introduite par SI dépend de celui de la principale et la subordonnée n’est jamais au futur ni au conditionnel.
Si j’étais toi (et non si je serais toi),
Remarque : vous pouvez aussi exprimer la condition avec :
- SI + présent + présent : Si vous le souhaitez, je vous achève.
- SI + présent + impératif : Si tu m’aimes, deviens un cupcake !
En espérant avoir fait la lumière sur toute cette affaire, je vous dis :
à plus tard… au plus tôt !
Rémi L.
Sources : Reverso
Merci pour cet article aussi instructif que hilarant!
C’est vraiment cool les phrases d’exemple