Phare Ouest

« La seule signature au bas de la vie blanche, c’est la poésie qui la dessine. »

  • René Char

Petit, j’aimais beaucoup l’odeur du feu de bois. L’écorce qui crépite, la branche qui se fend, tout ça. Nous étions enrobés de chaleur tandis que la fumée s’élevait avec paresse. A ce moment-là, j’avais l’impression que le monde entier brûlait, se consumait de bonheur.

Quoi de plus compliqué qu’un plaisir simple ?

Plus jeune, je glorifiais le passé, enterrais présent et futur, vivant une perpétuelle fin des temps. Mon humeur était morbide, exister aujourd’hui après hier, exister face au silence de la vie… Étrange et sourde souffrance. Je suppose que l’errance est humaine.

Maintenant, les choses ont changé. Un glissement, une évolution, rayer les mentions inutiles. J’ignore encore comment, je me suis sauvé. J’essaie de vivre, de me faire plaisir. C’est pas tous les jours facile, mais je crois que j’ai pigé le truc.

Je continue de regarder le passé, des fois. Il est lumineux, aveuglant, comme la mort d’une étoile.

C’est assez beau un carnet de notes. On retient, on souligne ; des arrêts sur image, inlassablement. Sur le moment, on ne fait pas tellement attention à ce qu’on écrit mais plus tard ces lignes revêtiront un tout autre enjeu. La mémoire, c’est un peu ça. On a du mal à se relire, et quelques notes sont plus importantes que d’autres.

Le souvenir commence par un pin, un pin dont les racines courent doucement le long des dunes. En face l’océan. Les plages sont blanches, très claires. Le ciel a le bleu du torrent. Il n’y a personne d’autre. Sur quelques monticules, les herbes se réveillent, le cheveu hirsute. Le vent réveille le monde, glissant le long des vagues. Devant nous, l’océan, absolu, sur lequel règne un horizon azur.

Le sable est si blanc, si beau… une branche brûle timidement, et ses cendres se fondent dans le sablon. Je me sens bien. Pas à cet instant précis, non. Je sais juste que… tout finira bien. Il n’est plus question de tenir, de survivre. Il est question de s’évanouir… se sauver. La vie vaut le coup de se sublimer, la beauté de se célébrer, encore et encore.

Tout comme nos yeux tiennent tête aux flammes, chaque jour je perce la lumière.

Teckhell

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