Multijoueur

Malgré les années, quel plaisir de ressentir des émotions toutes spéciales à la lecture ou l’écoute de certaines phrases. On pense quelquefois avoir tout vu ou entendu – à tort, et le hasard te détrompe alors modestement. Il s’agit ici d’une phrase prise au détour d’un season finale d’une série crasseuse et violente ; le personnage principal souhaite exprimer sa reconnaissance à sa partenaire, et bafouille cette phrase d’une voix caverneuse.

« Tu sais, ce monde n’est pas tout beau mais grâce à certaines personnes, cela fonctionne.
Tu en fais partie. »

Lorsque l’on traverse une période désespérée, je suppose que cela nous rend plus sensible – attentif ? – à certains discours, certains spectacles. En écoutant cette phrase, j’ai tout d’abord pensé à Laura, signe que le lien qui nous unit est encore bien loin des cendres fantasmées par nos entourages respectifs. J’ai ensuite songé à mes amis et à mes proches, tous ces gens qui comptent aujourd’hui. Puis, j’ai simplement perçu de l’espoir dans tout cela.

Pendant des années, j’ai fait en sorte de pouvoir me suffire. Il s’agissait alors de se protéger de cette “nouvelle” vulnérabilité, que l’épilepsie ne fit finalement que révéler. J’ai ironisé à l’envi, arguant que rien n’avait de sens et y trouvant une forme de liberté pathétique : je demeurais prisonnier de mes pudeurs, de mes souffrances, et terriblement seul. Pourtant, j’ai essayé d’accompagner comme je le pouvais nombre de gens autour de moi, tissant un précieux réseau de relations et d’estimes mutuelles. Cependant, la relation n’était que rarement réciproque, puisque personne ne pouvait s’approcher : armé de ma verve, personne ne semblait capable de me déboulonner. Mais le mépris et la moquerie ne possèdent aucune finalité véritable : je suis devenu un homme stérile, déclinant et limité. Certains de mes malheurs furent ainsi, selon une certaine logique, légitimes.

Mais rien ne dure, et cela inclut aussi les pires passes de l’existence. Si je ne crois pas forcément aux cycles, je crois à la fluidité : quiconque questionne et s’intéresse à la sienne connaîtra un développement régulier.

J’ai envie de devenir une meilleure personne : je le mérite, et mes amis, ma famille, mon amour, le méritent.

Airelle

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