La drôle de guerre

« Tu vas et tu conquiers la terre de l’ennemi. Alors l’ennemi vient et conquiert ta terre. »

  • proverbe sumérien

La guerre commence. Les combats seront longs, ou pas.

Après la surprise, vient la hargne. La colère de tout, la violence absolue. On donne tout, on se dépasse, on se hait. La lutte découvre de nouveaux empires quotidiens, des défaites et des victoires dont l’on ignorait tout jusqu’alors. Exister devient vertigineux.

Il est important de soutenir le regard, toujours. L’autre ne doit pas savoir que vous n’êtes plus qu’une ombre. Il doit y avoir un gagnant et un perdant.

Quelquefois, des actes de bravoure : la folie juste. Quelquefois, une succession de silences souffreteux. Ça dépend des jours. La guerre finit par évoluer, et lentement on oublie, on meurt un peu.

Les échauffourées se succèdent, et les copains tombent. Le plus souvent, des balles perdues : dans la mêlée, les soldats ne visent même plus. C’est triste, c’est dommage, ce n’est pas juste. On ne se le pardonnera jamais ; alors on reprend les armes, et peut-être même qu’on les vengera. Une souffrance pour une souffrance, sans justesse.

Le plus souvent, on préfère perdre la raison. On rit, on déconsidère… Et puis on pleure. Ça dépend des jours. C’est nécessaire d’oublier les dégâts, un peu.

L’armée peut être victorieuse. Des noms peuvent être retenus, des batailles sublimées. Mais rien, non rien ne comble l’abîme des cœurs. L’après est comme dépouillé, au milieu des pertes et profits.

Mon père m’a dit un jour : “Il n’y a rien de pire qu’une guerre civile. On ne devrait pas… Non, on ne devrait pas s’affronter dans son propre pays.”. J’étais jeune, je ne me rappelle plus s’il y a une suite.

Teckhell

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