La dame qui attend

Je vois souvent une femme le matin, tandis que je descends de mon immeuble pour sortir les chiens. Elle se situe toujours au même endroit, bien qu’en perpétuel mouvement, et m’adresse souvent un regard, avant de replonger dans sa surprenante attente : personne ne vient jamais.

Il serait aisé de la traiter de folle et de simplement passer son chemin. Or, mes petites habitudes me confrontent à elle, chaque jour, alimentant mon intérêt et ma tendresse pour ce pauvre personnage.

Pourtant, alors que j’écris ces lignes, je serais bien incapable d’estimer si ses frusques changent d’un jour à l’autre. Quelque chose hante le visage de cette femme, affectant également ma perception.

Recluse dans sa parcelle imaginaire, on dirait qu’elle attend un événement dont l’importance est si vague qu’elle submerge ses yeux clairs.

La douleur et l’inquiétude de son humanité solitaire ne faiblissent jamais, le temps de ma petite boucle quotidienne. Je pense alors à nos souffrances, nos impasses, et tout ce qui nous lie, quand bien même je sais que je ne lui parlerai ni ne l’aiderai jamais.

Cette femme, qui n’arrive ni ne repart, voyage sans doute bien plus loin que nous. 

Airelle

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