Avoir l’air de
L’expression avoir l’air de, suivie d’un verbe à l’infinitif, signifie « sembler » :
- Tu as l’air d’avoir de la difficulté à résoudre ce problème.
- Il n’a pas l’air de prendre cette histoire au sérieux.
Pour autant, l’expression l’air de lui plaire pourrait être remplacée par l’heur de lui plaire !
avoir l’heur de
Le nom heur, masculin, du latin agurium, « présage », était utilisé dans des contextes où il signifiait « bonne fortune », c’est-à-dire « bonheur, chance ». L’expression avoir l’heur de signifie « avoir la chance de », « avoir le bonheur de », « avoir le plaisir de ». En principe, elle peut être suivie de n’importe quel verbe à l’infinitif :
- J’ai l’heur de connaitre vos cockers depuis plusieurs années.
- Cette décision a eu l’heur de satisfaire tous les fétichismes en présence.
- Quand aurais-je l’heur de vous dépister ?
En pratique, elle survit surtout avec le verbe plaire, souvent dans une tournure négative qui devient un euphémisme pour « déplaire » :
- Les dernières déclarations du candidat à la présidentielle n’ont pas eu l’heur de plaire à son électorat.
On trouve aussi le mot heur dans le proverbe Il n’y a qu’heur et malheur dans ce monde, qui signifie « tout est question de chance et de malchance ».

Attention à l’orthographe du mot heur, souvent maltraitée dans cette expression :
- Il a l’heure de plaire.(Maintenant ou jamais ?)
- Elle a leurre de plaire.(Avec ses appas ?)
- Ils ont leur de plaire.(En y mettant du leur ?)
- Elle a l’heurt de plaire.(Une beauté frappante ?)
Pour finir, prenez garde à ne pas confondre l’expression avoir l’heur de (« avoir la chance de ») avec avoir l’heure (« avoir sur soi une montre, un moyen de connaitre l’heure qu’il est »). Dans les années soixante-dix, un fabricant de montres a d’ailleurs fusionné les deux expressions dans un slogan publicitaire :
- Timex, la montre qui a l’heure de plaire.
En espérant avoir fait la lumière sur toute cette affaire, je vous dis :
à plus tard… au plus tôt !
Rémi L.
Source : FondEtForme, Centre de Communication Écrite
Bonus : pour les amoureux d’étymologie
En ancien français, le mot s’écrit sous les formes oür, aür, eür, puis, à partir du XVe siècle, on l’a écrit heur, sous l’influence du mot heure (dérivé du latin hora, mot désignant une unité de temps). Il signifiait alors « chance » (bonne ou mauvaise) et on précisait au besoin la nature de cette chance : bon heur, mal heur. De là viennent nos mots bonheur et malheur. Des expressions homophones existaient également avec le mot heure (bonne heure, male heure), ce qui peut avoir contribué à la confusion entre heur et heure.
Assez tôt, heur s’est spécialisé dans le sens de « bonne chance » (d’où le dérivé heureux). Il s’oppose alors à malheur, comme dans le proverbe énoncé au début de l’article.
Dès la fin du XVIIe siècle, heur commence à être supplanté par bonheur, pour ne plus survivre aujourd’hui que dans l’expression figée avoir l’heur de… et nous voilà à aujourd’hui et maintenant.
Que c’est rafraîchissant !!
Merci !
Merci beaucoup pour cette lumière