Design d’Interactions #09 – La loi de Hick-Hyman

Régulièrement, je mets en avant certains principes et thématiques en rapport avec le design d’interactions. Il se peut que cette fiche soit amenée à évoluer, au fur et à mesure de mon apprentissage et de l’évolution de ma sensibilité. 

Qu’est-ce que la loi de Hick-Hyman en Design d’Interactions (IxD) ?

Il s’agit du principe selon lequel le temps nécessaire pour prendre une décision est proportionnel au nombre d’options possibles.

Définition et modalités

La loi de Hick affirme qu’il faut d’autant plus de temps pour prendre une décision que le nombre d’options possibles est élevé. Elle est utilisée pour estimer le temps de prise de décision en présence de choix multiples. Par exemple, si un pilote doit appuyer sur un bouton précis en réponse à une alarme, la loi de Hick prédit que plus le nombre de boutons disponibles est grand, plus le pilote mettra de temps à sélectionner le bouton correct. Cette loi s’applique au design de tout système ou processus exigeant le choix d’une option parmi plusieurs possibilités.

Toutes les tâches comprennent quatre étapes élémentaires :

  • identifier un problème ou un objectif
  • évaluer les options disponibles pour résoudre le problème ou atteindre l’objectif ;
  • choisir une option ;
  • la mettre en oeuvre.

La loi de Hick s’applique à la troisième étape, sauf dans le cas de décisions qui impliquent des recherches ou des lectures intensives ou la résolution de problèmes complexes. Ainsin, une tâche complexe à trois options qui exige la lecture de plusieurs phrases et une concentration intense est plus longue à traiter qu’un modèle stimulus-réponse simple à six options. Il s’ensuit que la loi de Hick s’applique surtout aux contextes de prise de décision simples où il existe une réponse unique à chaque stimulus, par exemple :

Si A se produit, appuyer sur le bouton 1. Si B se produit, appuyer sur le bouton 2.

Autrement dit, plus les tâches sont complexes et moins cette loi est applicable.

Applications

© Lidwell
  • Menus : le temps nécessaire pour sélectionner une option dans un menu simple augmente avec le nombre d’options. Cela n’est pas forcément le cas pour les menus plus complexes qui font intervenir beaucoup de texte ou de sous-menus.
  • Comportement des prédateurs : le temps nécessaire à un prédateur pour cibler une proie augmente avec le nombre de proie potentielles.
  • Tâches simples : le temps nécessaire à un individu pour appuyer sur le bouton correspondant à la couleur de voyant (rouge, vert ou bleu) augmente avec le nombre de couleurs possibles.
  • Options de test : la loi de Hick ne s’applique pas aux tâches qui impliquent beaucoup de lecture et d’efforts de résolution de problèmes, par exemple lors d’un examen.
  • Réglage d’appareils : le temps nécessaire à un individu pour prendre des décision de réglage simple augmente avec le nombre de contrôles disponibles. Cela n’est pas forcément le cas pour les décision et les combinaisons de paramètres plus complexes.
  • Arts martiaux : le temps nécessaire pour contrer un coup augmente avec le nombre de techniques de défense connues.
  • Freinage : Le temps que met un automobiliste pour appuyer sur la pédale de frein afin d’éviter un obstacle inattendu augmente s’il existe une possibilité de contourner l’obstacle.
  • Signalisation routière : tant que la signalisation n’est pas trop dense ou complexe, le temps que met un automobiliste pour changer sa conduite en réponse à un panneau particulier augment avec le nombre total de panneaux.

Quelles applications en design d’interactions ?

Le designer d’interactions peut augmenter l’efficacité de ses créations en tenant compte des implications de la loi de Hick, notamment lorsqu’il conçoit des menus pour des logiciels, des tableaux de bord de commandes, des  systèmes de signalétique  ou de recherche d’itinéraire et des instructions de secours d’urgence – tant que les décisions à prendre son simples. En revanche, les choix complexes n’ont aucun parti à titrer de la loi de Hick car ils mettent en oeuvre des lectures, des recherches et des capacités de réflexion et de résolution de problèmes.

Il lui faudra penser à la loi de Hick lorsqu’il concevra des systèmes qui aident à la prise de décision en proposant un choix d’options. Si le temps est un facteur important, il devra réduire le nombre d’options pour accélérer la prise de décision et réduire les risques d’erreur. Le designer ne devra pas s’appuyer sur cette loi pour les systèmes qui exigent des interactions complexes ; qu’il teste plutôt le design sur le public ciblé à l’aide de scénarios réalistes. S’il a à former des gens à effectuer des procédures dans un temps limité, il faudra tester un nombre minimal de réponses pour chaque scénario. Il réduira ainsi les temps de réponse, les erreurs ainsi que les coûts de formation.

Si vous avez des ouvrages, des articles et des outils en rapport avec cette thématique, n’hésitez pas à les partager dans les commentaires !

Rémi L.

Bibliographie :
Hick, W. E. (1952). On the rate of gain of information. Quarterly Journal of Experimental Psychology, 4(1), 11-26.
Hyman, R. (1953). Stimulus information as a determinant of reaction time. Journal of experimental psychology, 45(3), 188.
Lidwell, W., Holden, K., Butler, J., & Butler, J. (2011). Principes universels du design. Eyrolles.

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