« Certitude, servitude. »
- Jean Rostand
Lorsque je regarde distraitement les années semées, et plus particulièrement les écrits essaimés, j’aperçois une colère. Celle-ci a doucement laissé place à une amertume médiocre, une fausse sagesse. C’est un confort dont on ne sort pas aisément, persuadé secrètement d’avoir compris le monde et arguant son inexplicable charme. Sans le souffle de ma colère, ma vie prend poussière.
“Tu sais, avant, je me suis battu. Et regarde où ça m’a mené.
Alors maintenant, je m’écrase, je laisse dire. “
Cette phrase, mon père l’a dite il y a longtemps. Un désespoir relâché dans l’air, comme un ballon triste. Je ne veux pas de ça.
Je me suis jadis rendu compte que les chagrins étaient pareils à des cailloux dans la chaussure. Depuis, je porte des tongs, tout en continuant à fouler le sentier. Au moins l’on profite de la vue.
“Les gens déçoivent. N’attends rien d’eux.”
J’aime ma sœur. Quelquefois, je lui donne des conseils. Elle choisira ce qu’elle veut, ce qu’elle a envie de croire. Je veillerai sur elle.
Paradoxalement, ce sont les autres qui nous font nous sentir si seuls ; nous dépassant toujours, inatteignables. Tous les sentiments finissent un jour par se sauver pour rejoindre la côte, destination d’un peuple aux yeux brillants. Et l’on accuse seul l’écume de leur devenir, quand ils s’en retournent au port.
Il est aisé de pester contre le bois mort et, des maux, tenir un phrasé mélancolique. Le présent de vérité générale est si commode, pour meubler ses certitudes. Mais planter un arbre fruitier, et cueillir l’espoir, ça, c’est une toute autre lumière. Le combat de toute une vie, où s’ébrouent les saisons.
Emmène-moi loin, loin ! Emmène-moi, là où les couleurs poussent.
Teckhell