« Une chute sans fin dans une nuit sans fond, voilà l’enfer. »
- Dante
Le ciel a le front plissé, comme un dais aux étoffes trop lourdes. Quelques fenêtres se ferment tandis que le sol se met à crépiter. Çà et là, des cascades naissent et meurent au rythme des ondées. Dans la précipitation, nos cœurs s’emballent. Les vies se font perles, et basculent le temps d’un orage.
De temps en temps, le vent s’invite, histoire de faire la bise à ce monde humide. Il s’immisce, caresse chaque chose et jamais ne s’attache. Et pourtant, l’air de rien, chaque brise qui passe sifflote une rêverie nouvelle. A mon oreille, un souffle chuchote. Veux-tu rêver ? Je ne sais pas, je suis si fatigué. Au loin je les vois, tous ces fantasmes qui virevoltent, comme autant de feuilles mortes. Un alizé murmure des noms, des futurs possibles. Des futurs à deux. Ouvre donc la boîte… Pandore.
Le vent est tombé. Je referme doucement la boîte vide. Le sentiment s’évade, dévale et piétine cette vie qui tambourine. Il ébranle tout mon être, à la recherche d’un écho, perpétrant des vieux bonheurs et d’antiques visions. C’est un bel amour qui s’est échappé : il n’aspire qu’à grandir et rougeoyer. Et la fille qui y est rattachée est toujours aussi belle. Déchire cette feuille morte.
Malgré le temps qui passe, le bris est toujours aussi douloureux. Mais c’est ainsi, rien ne doit sortir. Fouler les sentiments, les affronter perpétuellement, leur infliger ce qu’ils m’ont infligé. Et pourtant, tant de fuites en avant. Les boîtes sont si légères… On ne sait jamais vraiment si elles sont pleines ou vides.
Retour à l’anormal. L’imaginaire met le genou à terre et la réalité reprend ses quartiers. La mort dans l’âme, les métaphores passées essaient de survivre.
Au loin, le vent sifflote un air. Le soleil revient. Des tris, toujours faire le tri. Le contrôle, toujours.
Les rêves s’étranglent un à un. Ils s’évaporent, et je les regarde partir, impuissant. Tout fout le camp.
L’époque n’est pas au bonheur. Mes rêveries, mes douces rêveries m’abandonnent. La colère domine, m’étreint. Je suis prêt. J’attends un combat qui jamais ne viendra. Je n’ai plus peur. Je contemple les ruines d’un sourire carnassier, tandis que doucement ma maladie dégénère.
Teckhell