Archives de catégorie : Astuces rédactionnelles

L’Argot-Naute #01 – Salope / Enfoiré / Pignouf / Con / Garce

Chaque jour, que l’on soit dans le métro, la rue ou sur la toile, on entend des obscénités, des insultes. Mais savez-vous vraiment ce que veulent dire ces insultes et d’où elles proviennent ? Voguez à travers mes petites explications, pour devenir un argot-naute émérite !

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Question de langue #36 – « Fini » en début de phrase

L’hésitation

Harassée par quelques remous ressentis au niveau du bas-ventre, Juliette se retrouve face à son ultime feuille de papier toilette. Elle prend alors une grande décision :

« Finies / fini les courgettes au curry ! »

Ne sachant comment l’écrire sur le bout de papier, elle décide de se retenir jusqu’à qu’elle ait le fin mot de l’histoire.

Au pire, il reste les bombecs.

La règle, ses sous-règles et des exemples idoines

Le participe passé fini est parfois employé au début d’une phrase sans verbe, exclamative ou interrogative. On a alors le choix d’accorder ce participe avec le nom qui suit, ce que l’on fait généralement, ou de le laisser invariable. Quel que soit l’accord, fini peut être suivi d’une virgule.

  • Fini les soucis !
  • Finie, la cigarette !
  • Finies les vacances ?
  • Fini, la vie de pacha ?

On peut expliquer ce choix d’accord par la double interprétation possible de cette construction :

  • Fini, les soucis ! peut s’interpréter comme C’est fini, les soucis!,
  • Finis les soucis ! équivaut à Les soucis sont finis.

« terminé » et « fini », même combat ?

Le participe passé terminé est lui aussi parfois employé dans ce contexte. On pourrait donc, logiquement, accorder ce participe passé avec le nom qui suit ou le laisser invariable, tout comme fini. Cependant, puisqu’il y a très peu d’exemples d’invariabilité de terminé dans ce contexte, il vaut mieux opter pour la variabilité, et ce, même si l’on ne peut considérer l’invariabilité comme fautive.

  • Terminée, la vie de célibataire!
  • Terminés, les investissements dans l’immobilier?

Les expressions « étant donné » et « mis à part »

Les expressions « étant donné » et « mis à part » lorsqu’elles précèdent un nom ou un pronom sont, au choix, variables ou invariables. Jamais vous ne pourrez vous planter.

  • Étant donné ses propos ou Étant donnés ses propos.
  • Mis à part son attitude ou Mise à part son attitude.

Si « étant donné » est toujours antéposé, « mis à part » devra obligatoirement s’accorder dans les autres cas de figure :

  • Son attitude mise à part, il faut considérer ses propos.

En espérant avoir fait la lumière sur toute cette affaire, je vous dis :
à plus tard… au plus tôt !

Rémi L.

Sources : Bruno Dewaele

Expression Express #07 – « courir sur le haricot »

La première forme (avec le fameux système), apparue vers le début de la seconde moitié du XIXe siècle, est communément admise comme étant une ellipse de courir / taper sur le système nerveux, image où on considère celui qui excite le système nerveux d’un autre ou qui lui « tape sur les nerfs », l’importune, voire l’exaspère.

Par contre, cette seconde forme supplément légumineuses est beaucoup plus discutée par les lexicographes… au point qu’on n’en connaît pas vraiment l’origine. Déjà, sa date d’apparition n’est pas très précise puisque certains la situent à la fin du XIXe alors que d’autres la placent au début du XXe.

Ensuite, ce « haricot » est pour le moins étrange. Il faut bien entendu oublier le légume (même si, dans un conte populaire anglais, Jack grimpe et court le long d’un haricot géant) et se pencher vers les significations argotiques du mot. Et là, on trouve pêle-mêle :

  • l’orteil (on peut penser à « casser les pieds », mais pourquoi un singulier ?),
  • la tête (à rapprocher de « courir sur le ciboulot »),
  • le pénis (on se rappellera cette fois « peler le jonc »)
  • les testicules (mais, encore une fois, pourquoi utiliser le singulier dans l’expression ?).

Est-ce l’une de ces acceptions qui a influencé la naissance de l’expression ? Nul ne semble le savoir… Du coup on n’éliminer29a pas la possible influence du verbe « haricoter » qui, au cours de la première moitié du XIXe siècle, signifiait « importuner » en argot.

Le mystère n’étant pas levé, si la présence de « taper » peut se comprendre quand il est question d’énervement, il reste quand même à justifier la présence de « courir » dans des locutions ayant cette signification.

Elle nous vient probablement du XVIe siècle où courir quelqu’un signifiait déjà « l’importuner », peut-être parce que le mot avait aussi le sens de « fréquenter assidûment » et que celui qui court ainsi quelqu’un avec trop d’empressement, sans modération, peut fortement l’agacer.

En espérant avoir fait quelques lumières sur toute cette affaire, je vous dis :
à plus tard… au plus tôt !

Rémi L.

Source : ma grand-mère Paulette

Question de langue #35 – « censé » ou « sensé » ?

La bourde

Épuisée par la recherche d’emploi et son trek d’hier, Juliette s’énerve contre ses épaulettes :

« Vous êtes sensées m’épauler, bordel de javel ! »

Hélas non.

Juliette (reconstitution), clairement pas au niveau.

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Question de langue #34 – les tirets

Long ou moyen, le tiret a principalement pour rôle de créer un effet d’insistance et de signaler un changement de niveau dans le discours. Comme il détache les éléments de la phrase plus nettement que ne le fait la virgule, le tiret contribue à la clarté de l’expression et facilite ainsi la tâche au lecteur. Il faut toutefois se garder d’abuser du tiret sous peine de lui faire perdre de son efficacité et de sa puissance expressive.

Dialogues et comptes-rendus

Le tiret marque un changement d’interlocuteur dans un dialogue :

  • Victor s’adressant à son père :
    — Peut-on être puni pour quelque chose qu’on n’a pas fait, papa?
    — Mais non, voyons! Pourquoi?
    — Parce que je n’ai pas fait mes devoirs.

Dans les comptes-rendus de réunions, le tiret sépare le nom de l’interlocuteur du texte de son intervention ; il est alors le plus souvent précédé d’un point :

  • Laura Vageuse. — Nous n’aurons pas les ressources nécessaires pour mener ce frelon à terme.
    Simon Tagne. — Je ne vois qu’une solution : l’abandonner.

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Expression Express #06 – « de conserve » et « de concert »

De concert signifie « d’un commun accord, d’intelligence, avec entente ». Agir de concert c’est agir après s’être concerté ou comme si l’on s’était concerté. La locution est souvent confondue avec de conserve… mais est-ce forcément une erreur ?

De conserve, donc, est un terme de marine qui tire son origine de la conserve (pas la boîte !), navire qui fait route avec un autre pour le secourir éventuellement. L’expression ne s’emploie guère que dans le langage maritime : naviguer de conserve.

Par extension et dans le langage familier, de conserve peut se dire pour « de compagnie, ensemble » : aller de conserve au théâtre. Le choix est vôtre !

En espérant avoir fait la lumière sur toute cette affaire, je vous dis :
à plus tard… au plus tôt !

Rémi L.

Source : ma grand-mère Paulette

Question de langue #33 – « Non »

L’hésitation

Souvenez-vous, quand vous et moi étions nounous ! Rentrant d’une pièce de théâtre insipide, les parents vous interrogeaient alors en fin de soirée :

« N’a-t-il rien mangé ?
Oui / Non. »

Une fois sur deux, vous et eux ne vous compreniez pas, et l’enfant succombait… Ohoho !

Il est pourtant si simple de ne plus rien manger et juste boire.

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Question de langue #32 – « de » ou « des » ?

La bourde

Pour son nouvel entretien d’embauche, Juliette est prête ! Son interlocuteur cependant, sourd-muet et endormi, n’est guère loquace… Pour meubler la conversation et paraître spirituelle, notre chercheuse d’emploi devise :

« J’ai vu des gros nuages dans le ciel. »

Hélas non.

Juliette (reconstitution), dépassant tous les pronostics météorologiques.

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Expression Express #05 – « sens dessus dessous » / « sens devant derrière »

Aujourd’hui, parlons d’une erreur très fréquente, s’expliquant généralement par une méconnaissance des mots employés.

sens dessus dessous signifie « de manière que ce qui devrait être dessus ou en haut soit dessous ou en bas et vice versa » et au figuré « en grand désordre » ou « dans un état de grande confusion ».

Il existe une expression quasi-synonyme : sens devant derrière, qui  signifie « de manière que ce qui devrait se trouver devant se trouve derrière et inversement ».

  • Il a mis son bureau sens dessus dessous pour retrouver ses boules de geisha. 
  • Le roi Dagobert a mis sa culotte sens devant derrière.

Souvent, on orthographie ces expressions sans, la prononciation étant similaire (\sɑ̃\)… Sauf qu’ici, sens vient de c’en (qui n’est plus usité) et désigne une orientation ou une position dans l’espace. Ecrire ces expressions avec « sans » signifierait que les devant, derrière ou dessus, dessous sont absents. Ce qui n’est pas le cas : ils sont inversés.

En espérant avoir fait la lumière sur toute cette affaire, je vous dis :
à plus tard… au plus tôt !

Rémi L.

Source : ma grand-mère Paulette

Expression Express #04 – « à Dieu vat »

À dieu vat est une locution que l’on entend parfois mais qui n’est pas toujours bien écrite… Empruntée à la langue des marins, elle signifie (grosso merdo) à la grâce de Dieu et plus précisément :

Ce qui pouvait être fait a été fait et à présent, l’avenir est entre les mains de Dieu (ou ne dépend plus que de la chance).

L’expression donnait à l’origine le signal d’une manœuvre particulièrement dangereuse, dont l’échec pouvait faire couler le bâtiment. D’où la recommandation suprême à Dieu, exprimée au subjonctif de souhait (vat). 

Je le disais au début, l’orthographe et la prononciation de cette locution font souvent l’objet d’interrogations. À vrai dire, Il existe plusieurs graphies possibles et correctes de cette locutio ; À Dieu vat est la plus courante, mais on trouve également l’une ou l’autre des graphies suivantes : Adieu va, À-Dieu-vat, à-Dieu-va, à Dieu vat.

La prononciation varie aussi. En général, le final de vat se prononce. Toutefois, la prononciation sans t est également correcte à condition d’être accompagnée d’un nuage de lait.

En espérant avoir fait la lumière sur toute cette affaire, je vous dis :
à plus tard… au plus tôt !

Rémi L.

Source : ma grand-mère Paulette