Cahin-caha

Ce matin, alors que je sortais promener ma chienne, j’ai croisé des nuages. L’aube estivale semblait particulièrement inspirée, et le spectacle du jour a ranimé chez moi des émotions adolescentes. Pourtant, il ne s’agissait que de peluches, des moutons gris et épais ; mais la lumière qui les ceignait… ah ! Le terne face à l’éternité, quelle si jolie allégorie. Tandis que je devisais avec la bête des termes qui siéraient à une description, je fus bientôt rattrapé par une question idiote mais récurrente : pourquoi avoir arrêté d’écrire ?

Cette question, je me la suis posée pas mal de fois en deux ans, et j’aurais tout un tas de raisons à convoquer conséquemment ; pour autant, il faut savoir dissocier les explications des excuses, les états des postures. Que reste-t-il, alors ? qu’y a-t-il, en moi, qui fait si peu de bruit ? Eh bien, ce matin, mon esprit s’attarda particulièrement sur le motif de la carrière ; un endroit poussiéreux à la roche attaquée, où se disputeraient petits cailloux et dalles travaillées. Un endroit où j’incarnerai à la fois la main d’oeuvre et la matière, toutefois désert. La souffrance prend ici la forme de l’érosion, à laquelle le temps donne son assentiment.

Vivre ou (se) laisser mourir : je suppose qu’aujourd’hui, on en est là.

Le fait que j’écrive ces lignes, et surtout que je le veuille, devrait vous donner un petit indice sur la voie que j’essaie céans d’emprunter. Mais quelle finalité est ici visée ? Eh bien, j’ai par le passé pu écrire pour communiquer, troubler, séduire, choquer, amuser, célébrer, ou encore survivre ; je cherchais alors à atteindre l’autre, à provoquer une interaction. Aujourd’hui, paradoxalement, je me montrerai plus introspectif : voyez-vous, cela fait bien longtemps que je ne fais plus attention à moi. À force de déconsidération et d’oubli, en dépit des efforts d’autrui, j’ignore beaucoup de ce que je suis devenu. Pour preuve, ce régulier dialogue avec mon subconscient :

"Qu'est-ce que je suis ?
- Qu'est-ce que j'en sais ?"

À sa création, le but premier de ce blog était de produire des contenus pour augmenter ma visibilité en tant que rédacteur freelance ; ce ne sera plus le cas (bye bye Urssaf), et la ligne éditoriale évoluera en conséquence. Par ailleurs, pour quiconque lirait ces lignes et s’enquerrait de la suite : en dépit du chemin solitaire auquel je me prépare, il ne sera pas silencieux. Certains contenus pourront favoriser les échanges et les réactions, et je m’y prêterais alors volontiers.

Alors voilà, on va parler, on va verbaliser. Tant pis si mon écriture accuse quelques courbatures : l’échec n’est jamais qu’un essai qui s’ignore, et l’enjeu mérite une tentative.

Pour le reste, comme disent les opticiens : nous verrons bien. À très vite.

Rémi

3 réflexions sur « Cahin-caha »

  1. Beau début de reprise !
    C’est bien agréable de retrouver cette façon de joliment tricoter les mots.
    C’est un beau travail de réflexion personnel qui commence.
    Hâte de lire la suite.
    Note: ici il y a pas de nuage dans le ciel pour t’inspirer si ce n’est ceux des premiers petits incendies qui commencent avec le fort de l’été..

    1. Merci pour tes encouragements ! Nous allons bien voir où cela nous mènera… ayant au fil des années accumulé les « boulettes de texte » (des ébauches de quelques mots ou quelques lignes), reste également à détricoter tout ça. La nuage pluie le beau temps ? Rendez-vous est pris…

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