L’illustratrice Zaromatt et moi-même menons un petit jeu créatif : simultanément nous nous envoyons un texte et une illustration, et nous donnons quelques jours pour apporter notre propre inspiration au contenu initial. Le tout sans se concerter, pour créer plus librement.
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La surface de l’étang ne se déride guère… Cela ne va pas faciliter les choses pour les deux hommes qui assis sur le banc scrutent poliment l’horizon. Une pinède embaume les lieux, relâchant par intermittence – et non sans espièglerie – une pomme de pin pour trouer le silence. Pourtant, il s’agit là des retrouvailles de deux vieilles branches ! Mais leurs regards ne proposent comme autre reflet que celui d’un brouillard sans fin… jusqu’à ce qu’ils se décident à réagir. Après tout, que vaut le calme s’il n’est pas ceint d’excessif ? L’un des hommes sort une maraca, fredonne un rythme qu’ils avaient pris l’habitude de jouer ensemble. Dans le temps. La mélodie semble emporter une araignée, qui s’active sur sa toile. La nature n’est pas en reste, et c’est bientôt tout l’automne que l’on surprend à batifoler comme si juin ne s’était jamais arrêté.

Comme si un enchevêtrement de fumée n’avait fini par harasser les deux hommes. Comme s’ils n’avaient jamais rompu, il y a un an jour pour jour, lorsque le soupçon a fini par l’emporter sur l’amour. Mais certaines choses vivent plus longtemps que d’autres, au mépris des vides qui nous boursouflent. Alors les revoilà, de nouveau prêts à franchir le pas.
Airelle x Zaromatt