L’illustratrice Zaromatt et moi-même menons un petit jeu créatif : simultanément nous nous envoyons un texte et une illustration, et nous donnons quelques jours pour apporter notre propre inspiration au contenu initial. Le tout sans se concerter, pour créer plus librement.
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“Nous y sommes, Salomon : la plaine Puissance !… Tu as été une admirable monture tout au long de ce périple, compte sur moi pour te rendre ta liberté lorsque notre quête sera parachevée.
– Du moment que tu me retires cette selle, moi tout me va.
– Allons, tu sais que je déteste monter à cru. Et puis que se serait-il passé si nous avions croisé le fer ?
– Pourtant je ne vois ni lame ni pétoire à ta ceinture… ni même de ceinture d’ailleurs.
– Le courage est la seule arme dont j’ai besoin pour défaire mes ennemis. N’as-tu donc écouté aucun de mes récits, tandis que nous battions la campagne ?
– J’ai cru en effet comprendre que le chevalier Balézard avait une propension à perdre sa queue en même temps que ses combats, n’en déplaise aux courtisanes.
– De si longues oreilles, pour un cerveau à ce point raccourci, quel gâchis ! Ne souhaites-tu pas que je négocie quelques lapines pour toi auprès de la princesse Chocolat, une fois que nous l’aurons délivrée ?
– Pour cela, il faudrait déjà que vous accomplissiez cette rescousse. Or, ce que je constate à chaque étape, c’est que vous flirtez essentiellement avec l’été et son soleil.
– C’est que je me dois d’être chaud bouillant : la première impression, c’est important.
– Vous semblez viser la conquête avant la rescousse, gare ! En tout cas, ne comptez pas sur moi pour la ramener jusqu’au château, je commence à en avoir plein les pattes.
– Nous amadouerons votre appétit le moment venu, voilà tout.
– Je vous le dis tout de go, vous porterez cette maroufle sur votre propre dos.
– À coeur vaillant rien d’impossible, cher compère ! Reprenons la route, que je puisse plonger mon regard dans ses doux yeux noisette…”
Airelle x Zaromatt