Archives mensuelles : juin 2017

Expression Express #07 – « courir sur le haricot »

La première forme (avec le fameux système), apparue vers le début de la seconde moitié du XIXe siècle, est communément admise comme étant une ellipse de courir / taper sur le système nerveux, image où on considère celui qui excite le système nerveux d’un autre ou qui lui « tape sur les nerfs », l’importune, voire l’exaspère.

Par contre, cette seconde forme supplément légumineuses est beaucoup plus discutée par les lexicographes… au point qu’on n’en connaît pas vraiment l’origine. Déjà, sa date d’apparition n’est pas très précise puisque certains la situent à la fin du XIXe alors que d’autres la placent au début du XXe.

Ensuite, ce « haricot » est pour le moins étrange. Il faut bien entendu oublier le légume (même si, dans un conte populaire anglais, Jack grimpe et court le long d’un haricot géant) et se pencher vers les significations argotiques du mot. Et là, on trouve pêle-mêle :

  • l’orteil (on peut penser à « casser les pieds », mais pourquoi un singulier ?),
  • la tête (à rapprocher de « courir sur le ciboulot »),
  • le pénis (on se rappellera cette fois « peler le jonc »)
  • les testicules (mais, encore une fois, pourquoi utiliser le singulier dans l’expression ?).

Est-ce l’une de ces acceptions qui a influencé la naissance de l’expression ? Nul ne semble le savoir… Du coup on n’éliminer29a pas la possible influence du verbe « haricoter » qui, au cours de la première moitié du XIXe siècle, signifiait « importuner » en argot.

Le mystère n’étant pas levé, si la présence de « taper » peut se comprendre quand il est question d’énervement, il reste quand même à justifier la présence de « courir » dans des locutions ayant cette signification.

Elle nous vient probablement du XVIe siècle où courir quelqu’un signifiait déjà « l’importuner », peut-être parce que le mot avait aussi le sens de « fréquenter assidûment » et que celui qui court ainsi quelqu’un avec trop d’empressement, sans modération, peut fortement l’agacer.

En espérant avoir fait quelques lumières sur toute cette affaire, je vous dis :
à plus tard… au plus tôt !

Rémi L.

Source : ma grand-mère Paulette

Question de langue #35 – « censé » ou « sensé » ?

La bourde

Épuisée par la recherche d’emploi et son trek d’hier, Juliette s’énerve contre ses épaulettes :

« Vous êtes sensées m’épauler, bordel de javel ! »

Hélas non.

Juliette (reconstitution), clairement pas au niveau.

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Question de langue #34 – les tirets

Long ou moyen, le tiret a principalement pour rôle de créer un effet d’insistance et de signaler un changement de niveau dans le discours. Comme il détache les éléments de la phrase plus nettement que ne le fait la virgule, le tiret contribue à la clarté de l’expression et facilite ainsi la tâche au lecteur. Il faut toutefois se garder d’abuser du tiret sous peine de lui faire perdre de son efficacité et de sa puissance expressive.

Dialogues et comptes-rendus

Le tiret marque un changement d’interlocuteur dans un dialogue :

  • Victor s’adressant à son père :
    — Peut-on être puni pour quelque chose qu’on n’a pas fait, papa?
    — Mais non, voyons! Pourquoi?
    — Parce que je n’ai pas fait mes devoirs.

Dans les comptes-rendus de réunions, le tiret sépare le nom de l’interlocuteur du texte de son intervention ; il est alors le plus souvent précédé d’un point :

  • Laura Vageuse. — Nous n’aurons pas les ressources nécessaires pour mener ce frelon à terme.
    Simon Tagne. — Je ne vois qu’une solution : l’abandonner.

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Expression Express #06 – « de conserve » et « de concert »

De concert signifie « d’un commun accord, d’intelligence, avec entente ». Agir de concert c’est agir après s’être concerté ou comme si l’on s’était concerté. La locution est souvent confondue avec de conserve… mais est-ce forcément une erreur ?

De conserve, donc, est un terme de marine qui tire son origine de la conserve (pas la boîte !), navire qui fait route avec un autre pour le secourir éventuellement. L’expression ne s’emploie guère que dans le langage maritime : naviguer de conserve.

Par extension et dans le langage familier, de conserve peut se dire pour « de compagnie, ensemble » : aller de conserve au théâtre. Le choix est vôtre !

En espérant avoir fait la lumière sur toute cette affaire, je vous dis :
à plus tard… au plus tôt !

Rémi L.

Source : ma grand-mère Paulette

Design d’Interactions #17 – La loi de prégnance

Régulièrement, je mets en avant certains principes et thématiques en rapport avec le design d’interactions. Il se peut que cette fiche soit amenée à évoluer, au fur et à mesure de mon apprentissage et de l’évolution de ma sensibilité. 

Qu’est-ce que la loi de prégnance en Design d’Interactions (IxD) ?

Il s’agit de la tendance à interpréter les images ambiguës comme si elles étaient simples et complètes. On parle également de « loi de bonne configuration », « loi de simplicité » ou « loi de précision ».

Définition et modalités

La loi de prégnance (Prägnanz en allemand) fait partie des principes de perception de la Gestalt. Elle affirme que si l’on présente une série d’éléments ambigus (pouvant être interprétés de différentes manières), les gens vont les interpréter de la façon la plus simple : en créant des associations entre un petit nombre d’éléments, en retenant les compositions symétriques et en suivant les autres principes de perception de la Gestalt.

Les images à faible résolution (gauche) d’une formation rocheuse sur Mars ont amené beaucoup de gens à conclure qu’une vie intelligente avait existé sur cette planète. Les images à plus forte résolution obtenues quelques années plus tard (droite) suggèrent une explication plus terre-à-terre, mais l’être humain a tendance à ajouter de l’ordre et du sens aux choses qui n’existent pas en dehors de sa perception.

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Question de langue #33 – « Non »

L’hésitation

Souvenez-vous, quand vous et moi étions nounous ! Rentrant d’une pièce de théâtre insipide, les parents vous interrogeaient alors en fin de soirée :

« N’a-t-il rien mangé ?
Oui / Non. »

Une fois sur deux, vous et eux ne vous compreniez pas, et l’enfant succombait… Ohoho !

Il est pourtant si simple de ne plus rien manger et juste boire.

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