« Chante la grive, la pluie arrive. »
- proverbe français
Alors que j’écris ces lignes, l’été est déjà un participe passé. Cela fait un temps que nos petons sont revenus à tâtons de leurs péripéties, enfilant chaussettes et routines. Si j’ai tant tardé à écrire à nouveau ici, c’est parce que j’écrivais déjà. Tout occupé que j’étais par la rédaction professionnelle – et que ne le suis-je encore, j’ai enchaîné mes petits pâtés, structurés. Quelques écritures d’invention ont bien égayé la rigueur planante de cette formation, mais rien qui ne rassasie le vorace de ma verve. Assis sur la page, je ne cessais d’estimer les dunes qui environnent. Ces lignes qui d’un souple sample la direction d’un monde, de tout le monde.
Ce n’est pourtant pas les événements qui ont fait défaut à la narration. Il me serait facile de vous orienter vers une chanson, une musicalité, un livre, mais il s’agit de ma vie. Entre elle et moi, c’est personnel. Jamais je ne pourrais m’en tenir à une simple bibliographie, une documentation.
C’est amusant. Une sensibilité délaissée, voilà qui vous fait voir n’importe quoi. Par exemple, un exemple : à arpenter les ruelles aixoises, je rencontre femmes, filles et féminité. Après quelques instants unidirectionnels à les voir sans les regarder, voilà que d’un item porté toute la personne est affublée. Sans se départir de leur allure, de leur vie. Une couleur en transport, une nuance glissant sur les pierres… Souvent, comme les jours raccourcissent, elle semble marcher au travers de la lumière, laissant l’ombre pour seul sillage. Curieux ; il y a de quoi devenir flou.
Personnellement, cette profusion me fait sourire. J’aspire à un métier architecte où le désincarné est quotidien. L’auteur s’efface devant la bâtisse, laissant jusqu’aux clefs et son nom au propriétaire et sa propriété. Rien ne sera jamais mien. Tout ce que j’ai et aurai jamais, tiendra en un jardin dont je serai le faune. J’y jetterai mes graines et ma patience ; de minces flaques de rosée déborderont par la douceur de mes pas dérobés. Alors et désormais, il y régnera une quiétude créatrice, sauvegardée !
Serre, moi, flore…
Il est curieux que je reprenne l’écriture “personnelle”, ici, maintenant et désormais. Je reviens de quelques jours avec des proches dont je m’étais éloigné. A moins que ce soit eux, voire même nous. Allez savoir. Quelques jours sur cousin d’air… De retour, mon ventre crie famille ; tout ce que je rapporte, ce sont mes yeux brouillés, à peine de quoi faire une omelette….
Quand je contemple le jeu de cette famille, me vient la larme aïeule.
Oui mais non. Il y a les liens, l’entêtement souverain ! cette pulsion de vie, qui fait face au dé sénile du temps qui passe… Ah ! Le vent se lève et me les brise. En attendant le prochain tonnerre, dédions ces petites poésies à Montech, à mes cousins retrouvés et éprouvés. Accrochons-nous, agrippons-nous, sans un mot. On saura où regarder dans le ciel calypso.
PLUIE PLUS RIEN
Cela commence comme une comptine, une fine.
Fine, fine, fine, s’enfuit la bruine.
Cloîtré dans ma masure, prairie fait féérie de l’indécis
Et le vert pur glisse, glisse, vie douce et verdure…
Le replet de mes couplets s’essoufle, la voix s’étrangle
Nuage, termine cette phrase, l’orage pointe !…
PELLE DU SEIGNEUR
L’eau roucoule parmi les feuilles, patauge le long des troncs. Sans insinuer qu’elle sinue, elle longe et se terre, fond et s’enterre. Qui meuble le texte, désormais ?
LUMIÈRES ET TEINTES
Il règne dans le ciel des campagnes de vieux champs ocres et un or un peu vandale.
Il y coule des aquarelles dont je foule mille archipels.
Lorsque je regarde vers le haut et le Nord tombent les étoiles…
Une bande de bandelettes se décollent et décolorent au contact du décor :
ainsi fond, fond, fond…
Couleurs chaudes et puits sans fond.
Rémi