« Le bonheur est un festin de miettes. »
- Jacques Faizant
Au départ il y a une course. Une belle course. Et puis l’horizon, le fond, l’oubli. La ligne d’arrivée. Les acmés, ces émois superbes, traversent tantôt nos vies et les soulèvent, les extirpent. Nos problèmes, nos galères, notre chemin… Ça n’y a pas sa place. Tout s’évanouit dans la blancheur assoupie.
D’aucuns diront que la vie est une gueule de bois, et qu’après l’acmé, il ne peut y avoir que le drame. Un drame intime, presque déchirant, qui parlerait de vide et de grandeur.
L’amour est un luxe de nos jours. C’est une période de désirs. Des désirs rapides, fugaces, auxquels on croirait presque.
Une fête, près d’une piscine, quelqu’un. Elle sort de l’eau, femme, et se délasse inlassablement. Des gouttes distraites perlent sur son corps. Tout semble étrangement beau et à sa place. Ailleurs, ce sont deux amies, pelotonnées dans un hamac, qui dorment paisiblement. Un peu plus loin, une jeune fille rit et sourit à une blague sans saveur. Tout semble étrangement beau et à sa place.
Certains souffrent de ne pas voir la mer. Ils en ont besoin. Amusant, j’en ai toujours voulu à mes parents de m’avoir enlevé au goudron parisien, pour cet exil au soleil. Je ne supporte pas cette chaleur, cette lumière…
Quand j’étais jeune, une fois par an environ, nous allions vers l’océan. L’horizon était brumeux, frais, et souvent la pluie résonnait. Puis il y a eu le malheur, et nous n’y sommes plus retournés. Récemment j’ai appris que mes grands-parents avaient vendu. Les pages se tournent une à une, dans une souffrance timide…
Ah ! Le cri étouffé de l’océan qui absorbe tout… Recouvre mes désirs, écume ma vie et vide ton ressac. Je ne veux qu’une vieille plage, pour m’éteindre près des coquillages… Les années passent et érodent, comme une douce marée, et il me tarde de revoir l’onde.
Teckhell